Architecte d’intérieur, Dorothée Meilichzon revendique avant tout son appartenance à la famille des designers industriels. Lors d’interviews et de mise en lumière de son travail, elle nomme souvent celui qui lui a donné envie de suivre cette voie, Raymond Loewy (1) designer franco américain, père du célèbre logo de la biscuiterie LU.
Quand elle découvre le travail de cet artiste, Dorothée est âgée de 14 ans. Elle s’appropriera, après avoir passé son bac*, la rigueur et les bases de son futur métier à la Strate Ecole de Design à Sèvres (2) et à l’Ecole de Design de Rhode Island aux Etats Unis (3).
*Bac S, spé Math puis une année préparatoire à l’atelier de Sèvres avant d’entrer à Strate.
Dorothée Meilichzon Designer industriel
En 2009 création de l’agence Chzon.
Premier projet confié par l’équipe de l’Expérimental Group : Le Prescription Cocktail Club** à st Germain.
En écoutant Dorothée, nous avons entrevu sa façon de travailler et la complexité de celle-ci. Quand elle accepte un projet, Dorothée cherche toujours en premier à découvrir l’histoire du bâtiment, celle du quartier, une anecdote historique. Ces informations seront les fondations de chaque réalisation.
Cohérence et scénographie
Voici pour la trame. Dorothée, telle une championne de Rubik’s cube, travaille ensuite en 3D :
Pour que l’identité d’un lieu soit cohérente, elle travaille, en amont, de la répartition des espaces à la création des logos. Avant de penser décoration, cette artiste multi-talents, se met à la place de son client pour ne pas créer de distorsion et d’incompatibilité entre ses idées et le modèle économique de celui ci. Elle pense aussi aux futurs hôtes et à l’équipe qui travaillera au quotidien sur place. Elle réfléchit à l’espace nécessaire à chacun, à la fonctionnalité et à l’agencement des espaces. Ses réalisations ne sont pas que jolies, elles accueillent (hôtel, boutiques, bar, restaurants) du public qui doit avoir envie de venir et doit se sentir bien.
Hôtel Grands Boulevards
En 1789, les boulevards étaient encore des lieux de promenades champêtres. Le fils rouge qui dessinera l’identité de l’Hôtel est trouvé.
Dorothée Meilichzon décide de réunir les deux grands espaces existants ( hôtel particulier et petite maison construite par les propriétaires pour être louée) par une verrière qui abrite l’espace restaurant. Ouverte en été cette verrière donne la sensation d’être dans un jardin secret. Le sol tout entier de cette « cour intérieure » est pavée de briquettes de couleur ocre-orange qui rappellent un sol de terre battue. Le bois du grand bar central s’orne d’un effet treille. Certains carreaux émaillés ont été spécialement fabriqués par un artisan dans un bleu particulier, apprécié de Marie Antoinette. Juste avant le bar « The Shell » Dorothée fait construire une fausse cheminée en forme de majestueux coquillage (version unique et exagérée de l’art Rocaille que Marie Antoinette appréciait aussi)
La décoration des chambres se dessine : mi faste romantique, Marie Antoinette et Louis XVI, pour le choix des lits à baldaquin et du marbre rouge, mi esthétique paysanne et campagne pour le choix du bois usé et des matières simples (cotons et lins) des draps et rideaux.
Pour l’hôtel Henrietta à Londres, les têtes de lit sont inspirées des façades des bâtiments du quartier (colonnes, chapiteaux et frontons).
Pour chaque projet, Dorothée traduit l’histoire qu’elle a en tête en s’appuyant sur des couleurs des matériaux et des objets conçus ou chinés.
Les matériaux, les artisans
De tels projets, pour devenir pérennes et être appréciés, se doivent d’être parfaits dans chaque détail.
Dorothée fait appel aux meilleurs artisans. Pour l’Hôtel Grands Boulevards, la literie est fabriquée à la main, en Bretagne. Les draps sont de coton et satin 300 fils. La robinetterie est moderne et le confort primordial. Pour accentuer cet effet de cocon, les chambres ont des murs enduits à la chaux, du mobilier de bois et sont éclairées par des appliques en bronze patiné.
Pour un rendu unique, Dorothée prend souvent le parti de dessiner et de faire fabriquer des meubles. Pour brouiller en douceur les proportions des pièces de l’Hôtel Panache, (rien de carré, les pièces sont souvent triangulaires ) elle crée des tablettes et tables aux proportions uniques.
L’Esprit,le style Dorothée Meilichzon
Son style est souvent copié mais jamais reproduit. Chaque lieu, projet et client est différent et la source de l’histoire à développer est unique. Cependant certaines préférences peuvent êtres perceptibles : Les courbes et rondeurs, les motifs graphiques souvent à thème des moquettes, La chaleur du bronze patiné ; Les murs de couleur, les têtes de lit originales.
Agence de Design global, Dorothée Meilichzon CHZON
Reportage Hôtels Grands Boulevards
Reportage Restaurant Hotel Grands Boulevards
Reportage Hôtel Panache
(1) Raymond Loewy / 1893 1986 est un designer industriel et graphiste franco-américain. Après des études en France il travaille comme étalagiste chez Macy’s à New York puis comme illustrateur pour des magazines de mode. Il ouvre son agence de design industriel en 1930 . Il dessine des logos, encore connus de tous, comme celui de Shell, de LU, de New Man etc … Le Président Kennedy lui confie la décoration de l’Air force one . En 1976 il s’occupe de la décoration d’un autre avion mythique, le Concorde et dessine et décore tout l’intérieur, jusqu’aux plateaux repas.
Film en VOD Raymond Loewy, le français qui dessina l’Amérique Arte boutique 🔶
(2) Strate école de design Site 🔶
(3) Ecole de design de Rhode Island aux Etats Unis Site 🔶
** Le Prescription Cocktail Club / Page FB 🔶
©Lisa Klein Michel
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